année 1837-1838
Un hiver rigoureux et 3 missions paroissiales
Le 1er juillet 1837, s'est marié Jean-Antoine Bonnand de Grange-Blanche avec Marie Mantel de Bissieux, leur résidence est Grange-Blanche.
La fin de l'année 1837 n'a pas été bien mauvaise, mais dès le 9 janvier 1838, il est tombé une grande quantité de neige, il en est tombé plus d'un pied. Jugé comme il faisait bon voyager avec un froid rigoureux et la gelée était si forte qu'on avait de la peine à rester un instant à la même place. Nous devons remercier Dieu que la récolte soit couverte, mais on craint encore pour les arbres et pour les vignes.
Cependant en ce temps là, il y a eu 3 missions, à Mornant, à St-Didier et à St-Maurice qui ont durées 1 mois et comme l'on ne pouvait pas travailler dehors, on avait bien le temps d'y aller. St-Martin y sont aller en grand nombre et au bout on a fait la procession à St-Didier un mercredi et à St-Maurice un vendredi. Les missions furent nombreuses après la tourmente révolutionnaire, où il fallut restaurer la pratique religieuse.
Les croix érigées essentiellement sur les places de village portent souvent l'inscription du prédicateur et la date de la mission.
Celle de St-Didier a été une des plus belles à cause du beau temps et du bon ordre qu'il y avait et l'on entendait chanter de toute part. C'était quelque chose de ravissant que d'entendre cet encombre de voix. On se rendit sur la place du village où l'on devait planter la croix. Là, le prêtre bénit la croix, les médailles et les chapelets et après le sermon chacun se retira chez soi.
A St-Maurice, il ne faisait pas si beau et il n'y avait que 3 paroisses : St-Martin, St-Didier et St-Jean. On y chantait beaucoup en commençant, mais bientôt le froid saisit les chantres si bien qu'il n'y avait pas moyen de tenir son cantique à la main, cependant il y avait la paroisse de St-Martin qui se distinguait d'une manière étonnante tant les meilleurs chantres y étaient tous.
Les plus belles voix étaient réunies en sorte qu'ils étaient plus de 100 à chanter, mais en arrivant l'aquilon soufflait si fort que la procession se mit tout en désordre. Alors, on cessa de chanter et il ne resta pas beaucoup de monde, et là ou l'aquilon soufflait rudement, de nombreuses personnes se retirèrent, mais on planta la croix sur la place du village et tout fut bientôt débarassé.
Après la mission, le temps s'est un peu arrangé et on a commencé à tailler les vignes. Cette année on ne pense pas qu'il y aura beaucoup de vin car les vignes ont souffert en hiver, bien qu'elles ne poussent pas encore, et il faudra attendre le mois de mai pour bien voir.
Le mois de mars n'a pas été mauvais mais avril n'a pas été très beau. Il n'a pas fait chaud presque tout le mois car l'aquilon soufflait cruellement, les blés sont devenus tout rouges, ainsi que les prés et les vignes n'ont rien poussé.
Le mois de mai a commencé très beau, les vignes les blés, les prés, les arbres et toutes les plantes qui n'ont pas gelées ont poussé, mais on sera obligé d'arracher les vignes vieilles et quelques arbres qui ont gelées. Voilà le prix de cet hiver !
Le mois de juin a été beau et il a fait quelques pluies pour une récolte qui n'a pas craind la sécheresse de sorte que l'on n'a pas eu de peine à ranger les foins. Vers la fin du mois on a commencé de moissonner et il a fait si beau que tout était fini et avant la madeleine tous les blés ont été rangés.
Depuis juin, il n'y a pas eu de pluie jusqu'à fin septembre où il a tombé assez de pluie pour semer, mais l'eau était encore rare ! On est obligé d'aller bien loin pour faire la lessive, car il n'y a que les bonnes sources qui donnent un peu d'eau. Il y a longtemps que l'on avait pas vu une pareille sécheresse. Les bestiaux ne trouvaient rien à manger dehors, si bien qu'il a fallut les nourrir de la grange et avec peu de foin, on sera obliger d'en vendre ou d'en tuer pour passer l'hiver.
Pendant les vendanges il est tombé un peu de pluie, mais les vendanges n'ont pas été abondantes. Jamais on a vu une aussi petite récolte de vin, mais il sera cher et on aura pas d'embarras à le vendre. Le blé a aussi beaucoup augmenté, il est à 8 F. maintenant.
Cette année mon frère Jean-Pierre s'est marié le 16 octobre juste après les vendanges avec Françoise Guillermet de Beyrieux, leur résidence est à Beyrieux.
A la Toussaint, ma soeur Jeannette s'en est allée au couvent de St-Charles où elle espère consacrer sa vie au soin public, et mon frère Jean-Pierre est entré chez les Maristes pour la même intention. Me voilà tout seul, sans savoir quel parti je prendrais. Qu'il est déchirant de se voir séparer ainsi et quel chagrin pour les parents qui doivent endurer de se voir éloigner de leurs enfants dans leur vieillesse, alors qu'ils ont tant souffert pour les élever et tant travailler pour les nourrir en prenant soin de les instruire. Si tôt qu'ils sont grands, ils s'en vont comme les oiseaux qui s'envolent de leurs nids.
Cependant, Jean-Pierre n'a pas obtenu la permission de l'archevêché pour rester chez les Maristes. Il est rentré au séminaire pour finir ses études et à Noël il a pris la prêtrise et a été envoyé vicaire à St-Etienne la Varenne.
La fin de cette année n'a pas été bien rude, on a presque toujours travaillé dehors, mais il n'y a point eu de vogue, quelques uns avaient envie de la faire, mais ils se sont ravisés. Voilà ce que je me rappelle de plus remarquable de cette année 1838.
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Date de dernière mise à jour : 31/01/2019